Les garanties de crédit professionnel pour les commerçants
Guide complet sur les différents types de garanties exigées par les banques

Les garanties sur les biens professionnels
Lorsqu'un commerçant contracte un prêt professionnel, la banque exige généralement des garanties sur les biens financés. Ces garanties permettent à l'établissement prêteur de récupérer et revendre les biens en cas de défaillance.
La principale garantie utilisée est le nantissement du fonds de commerce, qui porte sur les éléments incorporels comme :
- L'enseigne et le nom commercial
- Le droit au bail
- La clientèle et l'achalandage
Ce nantissement doit être inscrit au greffe du tribunal de commerce, ce qui confère à la banque un privilège de paiement prioritaire. En cas de défaut, la banque peut demander la vente forcée du fonds en justice pour se faire rembourser.
Toutefois, cette garantie présente certaines limites car la valeur du fonds de commerce est directement impactée par les difficultés de l'entreprise. C'est pourquoi la banque exige souvent un nantissement complémentaire sur le matériel et les équipements. Ce nantissement permet à la banque de saisir et vendre ces biens matériels de façon indépendante.
Pour le commerçant, l'avantage est que ces garanties portent uniquement sur les biens professionnels, préservant ainsi son patrimoine personnel. L'inconvénient majeur est que le nantissement du fonds limite fortement sa capacité à modifier son activité ou à céder son commerce, puisque l'accord de la banque est nécessaire.
Il existe également la possibilité de nantir des valeurs mobilières (actions, parts sociales). Cette forme de garantie offre plus de souplesse car elle n'entrave pas la gestion courante de l'entreprise. Le commerçant conserve une certaine liberté pour modifier la composition de son portefeuille, sous réserve de maintenir la valeur totale des titres nantis.

La caution personnelle du dirigeant
La caution personnelle représente un engagement majeur pour le dirigeant d'entreprise, car elle engage l'intégralité de son patrimoine personnel. Cette garantie ne doit être acceptée que si elle s'avère indispensable au financement du projet.
Il existe deux types de cautionnement :
- Le cautionnement simple : le dirigeant bénéficie d'un droit de discussion permettant d'exiger que la banque saisisse d'abord les biens de l'entreprise avant de se retourner contre lui. Il dispose également d'un droit de division pour répartir la dette entre les différentes cautions.
- La caution solidaire : plus contraignante, elle permet à la banque de réclamer la totalité de la dette à n'importe quelle caution, charge à elle ensuite de se retourner contre les autres cautions.
Point important à noter : si le dirigeant est marié sous le régime de la communauté, son conjoint se trouve automatiquement engagé par la caution personnelle, sauf pour certains biens comme la résidence principale. Il est donc essentiel de bien mesurer la portée de cet engagement qui dépasse le simple cadre professionnel.
Avant de signer tout document de cautionnement, une lecture attentive s'impose pour comprendre pleinement l'étendue des engagements pris et leurs implications sur le patrimoine personnel et familial.

Les solutions de cautionnement externe
Pour éviter d'avoir à engager sa caution personnelle, le dirigeant peut faire appel à des organismes de cautionnement externes qui se porteront garants auprès de la banque. Plusieurs options s'offrent à lui.
Bpifrance propose une garantie couvrant jusqu'à 60% du montant emprunté. Cette garantie s'applique aussi bien pour l'achat de parts sociales que pour la reprise d'un fonds de commerce. Elle facilite l'obtention du prêt en réduisant le risque pour la banque.
France Active intervient spécifiquement pour limiter ou supprimer la prise de cautions personnelles. Ses garanties s'adressent principalement aux :
- Repreneurs de petites entreprises créant leur propre emploi
- Entrepreneurs dans les territoires fragiles (quartiers prioritaires, zones rurales)
- Projets à impact social, territorial ou environnemental
Deux dispositifs majeurs sont proposés par France Active :
- La garantie EMPLOI qui couvre 65% du prêt, destinée aux demandeurs d'emploi
- Les garanties EGALITE couvrant jusqu'à 80% du prêt, sans caution personnelle, pour les femmes entrepreneures et les publics fragiles
Les sociétés de caution mutuelle (SCM) constituent une autre alternative intéressante. Ces établissements coopératifs peuvent soit garantir directement l'emprunteur, soit contre-garantir la banque. La Siagi, par exemple, collabore avec la quasi-totalité des banques et propose une co-garantie avec Bpifrance pour les artisans et commerçants de proximité.
Certaines SCM sont spécialisées par réseau bancaire, comme la Socama qui intervient exclusivement pour les Banques populaires. Des fonds de garantie régionaux ou départementaux peuvent également être mobilisés selon les territoires, avec des modalités d'intervention variables.
L'avantage majeur de ces solutions de cautionnement externe est double : elles facilitent l'accès au crédit tout en préservant le patrimoine personnel du dirigeant. Le coût reste généralement modéré par rapport à la sécurité apportée.
Les garanties immobilières
Pour les prêts professionnels immobiliers, deux types de garanties sont couramment utilisés : l'hypothèque et le privilège de prêteur de deniers (PPD).
L'hypothèque permet à la banque de saisir et vendre le bien immobilier en cas de défaut de paiement. Elle s'applique à tout type de biens, y compris ceux en construction. Son coût est relativement élevé, environ 2% du montant emprunté, incluant les frais notariés et la taxe de publicité foncière.
Le privilège de prêteur de deniers est une alternative moins coûteuse car exonérée de taxe de publicité foncière. Cependant, il ne peut garantir que l'achat de biens déjà construits ou de terrains, excluant les constructions neuves. Comme l'hypothèque, il nécessite un acte notarié.
Dans les deux cas, des frais de mainlevée s'appliquent en cas de remboursement anticipé ou de vente du bien avant la fin du crédit. Ces frais comprennent les actes notariés et les taxes associées.
Comment réduire le niveau des garanties exigées
Stratégies pour limiter les garanties bancaires
Pour réduire les garanties exigées par votre banque, plusieurs leviers peuvent être actionnés. L'accompagnement par des réseaux spécialisés comme Initiative France, Réseau Entreprendre ou France Active est particulièrement efficace - les entreprises accompagnées affichent un taux de survie de 75% à 3 ans contre 63% au niveau national.
La présentation d'un dossier de financement solide est également cruciale :
- Un business plan détaillé et réaliste
- Des prévisionnels financiers étayés
- Une bonne connaissance du marché visé
- Un apport personnel significatif
Le recours à des organismes de garantie externes comme Bpifrance (garantie jusqu'à 60%) ou France Active (jusqu'à 80%) permet aussi de rassurer la banque. Ces garanties institutionnelles limitent généralement la prise de cautions personnelles et protègent notamment la résidence principale de l'entrepreneur.
Le choix de la meilleure garantie selon son projet
Pour sélectionner la garantie la plus adaptée à votre projet professionnel, il est essentiel d'analyser plusieurs critères clés :
Pour une création d'entreprise : privilégiez les garanties externes comme celles de Bpifrance ou France Active, qui peuvent couvrir jusqu'à 60-80% du montant emprunté. Ces organismes sont particulièrement adaptés aux nouveaux entrepreneurs car ils limitent le recours aux garanties personnelles.
Pour une reprise d'entreprise : le nantissement du fonds de commerce constitue une option pertinente, combiné éventuellement avec une garantie transmission de Bpifrance. Les sociétés de caution mutuelle (SCM) sont également recommandées, notamment la Siagi pour l'artisanat et les commerces de proximité.
Voici les éléments à prendre en compte dans votre analyse :
- Le coût global des garanties (frais initiaux et récurrents)
- La protection de votre patrimoine personnel
- Les spécificités de votre secteur d'activité
- L'existence de dispositifs dédiés (comme les garanties EGALITE pour les territoires fragiles)
N'hésitez pas à combiner plusieurs types de garanties pour optimiser votre dossier de financement tout en préservant vos intérêts personnels.
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Les questions fréquentes
Les banques exigent généralement plusieurs types de garanties pour l'octroi d'un prêt professionnel :
1. Le nantissement du fonds de commerce
- Couvre les éléments incorporels : droit au bail, clientèle, nom commercial, enseigne
- Avantages : Permet de conserver la gestion du fonds, garantie solide pour la banque
- Inconvénients : Limite la possibilité de revente, peut bloquer le développement de l'entreprise
2. Le nantissement sur matériel et équipements
- Porte sur les biens mobiliers professionnels spécifiques
- Avantages : Valorisation précise des actifs, possibilité de continuer à utiliser le matériel
- Inconvénients : Dépréciation rapide du matériel, impossibilité de le revendre sans accord
3. Les garanties sur valeurs mobilières
- Concerne les portefeuilles d'actions, obligations et autres titres financiers
- Avantages : Facilement évaluable, liquidité importante
- Inconvénients : Volatilité des cours, immobilisation des placements
Ces garanties peuvent être combinées selon le montant du prêt et le profil de risque. Le choix dépendra de plusieurs facteurs :
- La situation financière de l'entreprise
- La nature de l'activité
- Le montant et la durée du prêt
- Les actifs disponibles
Le commerçant doit soigneusement évaluer les implications de chaque garantie sur son activité future avant de s'engager.
La caution personnelle du dirigeant est un engagement par lequel il garantit personnellement les dettes de son entreprise. Il existe deux types principaux de cautionnement :
Le cautionnement simple :
- Le créancier doit d'abord poursuivre le débiteur principal (l'entreprise)
- La caution bénéficie du droit de discussion (possibilité d'exiger que le créancier poursuive d'abord l'entreprise)
- En cas de pluralité de cautions, chacune peut invoquer le droit de division pour ne payer que sa part
Le cautionnement solidaire :
- Le créancier peut directement poursuivre la caution sans action préalable contre l'entreprise
- Pas de bénéfice de discussion ni de division
- Engagement plus risqué car la caution peut être poursuivie pour la totalité de la dette
Implications patrimoniales :
- Pour les dirigeants mariés sous le régime de la communauté :
- L'engagement peut impacter les biens communs du couple
- Le conjoint doit donner son consentement exprès
- Risque de saisie sur les biens personnels et communs en cas de défaillance
Points de vigilance :
- Bien lire et comprendre l'acte de cautionnement avant signature
- Vérifier la durée et le montant de l'engagement
- Evaluer sa capacité financière personnelle
- Envisager une assurance caution
- Consulter un professionnel du droit pour conseil
En cas de difficulté de l'entreprise, la caution personnelle peut avoir des conséquences graves sur le patrimoine personnel et familial du dirigeant. Il est donc essentiel de mesurer les risques avant de s'engager et de privilégier, si possible, le cautionnement simple qui offre plus de protections.
Plusieurs organismes spécialisés peuvent apporter des garanties externes permettant de limiter le recours à la caution personnelle :
1. Bpifrance
- Principal organisme public de garantie en France
- Couvre 40% à 70% du montant du prêt selon les cas
- Cible les TPE/PME, créateurs d'entreprise et repreneurs
- Intervention via les banques partenaires
2. France Active
- Association spécialisée dans l'économie sociale et solidaire
- Garantie jusqu'à 80% pour les entrepreneurs sociaux
- Focus sur les demandeurs d'emploi, femmes entrepreneures
- Accompagnement personnalisé inclus
3. Sociétés de Caution Mutuelle (SCM)
- SIAGI : artisanat et commerce de proximité
- SOCAMA : artisans et commerçants
- Garantie pouvant aller jusqu'à 100% selon les cas
- Fonctionnement sur principe de mutualisation des risques
Ces solutions présentent plusieurs avantages :
- Protection du patrimoine personnel de l'entrepreneur
- Facilitation de l'accès au crédit bancaire
- Partage du risque avec des organismes professionnels
- Coût modéré par rapport à la sécurité apportée
Le choix de l'organisme dépendra du profil du demandeur, du type de projet et du montant recherché. Il est conseillé de comparer les différentes options et de privilégier les solutions adaptées à son secteur d'activité.
L'hypothèque et le privilège de prêteur de deniers (PPD) sont deux garanties immobilières importantes qui présentent des caractéristiques distinctes :
L'hypothèque conventionnelle :
- Garantie générale pouvant porter sur tout type de bien immobilier
- Peut garantir tout type de créance (prêt immobilier, professionnel, etc.)
- Coûts plus élevés : taxe de publicité foncière de 0,715% du montant garanti
- Frais de notaire et d'inscription plus importants
- Procédure plus longue pour la mise en place
Le privilège de prêteur de deniers (PPD) :
- Uniquement pour l'achat d'un bien immobilier existant
- Ne peut garantir que le prix d'acquisition
- Coûts réduits : exonération de la taxe de publicité foncière
- Frais de notaire moins élevés
- Mise en place plus rapide
- Position privilégiée en cas de défaillance de l'emprunteur
Frais associés :
- Acte notarié : obligatoire pour les deux garanties
- Frais d'inscription au service de publicité foncière
- Frais de mainlevée à la fin du prêt
Situations adaptées :
Le PPD est particulièrement recommandé pour l'achat d'un bien immobilier existant en raison de son coût plus faible. L'hypothèque est plus adaptée pour les autres situations : construction, travaux, refinancement, ou garantie d'un prêt professionnel.
Pour réduire le niveau des garanties exigées par la banque, plusieurs stratégies complémentaires peuvent être mises en œuvre :
- Accompagnement par des réseaux spécialisés
Le soutien de réseaux d'accompagnement reconnus (comme Initiative France, Réseau Entreprendre, BGE) renforce significativement la crédibilité du projet. Les statistiques montrent que les entreprises accompagnées ont un taux de survie à 3 ans supérieur à 85%, contre 65% pour les entreprises non accompagnées.
- Constitution d'un dossier de financement solide
Un business plan détaillé et réaliste, des prévisionnels financiers cohérents et une étude de marché approfondie permettent de rassurer la banque sur la viabilité du projet et donc de diminuer son niveau d'exigence en termes de garanties.
- Apport personnel conséquent
Un apport personnel significatif, idéalement représentant 20 à 30% du besoin de financement total, démontre l'engagement du porteur de projet et réduit mécaniquement le risque pour la banque.
- Recours aux organismes de garantie
Des organismes comme Bpifrance, France Active ou les SIAGI peuvent se porter garants d'une partie du prêt bancaire, généralement entre 50% et 70%, réduisant ainsi le risque pour la banque et donc son niveau d'exigence en garanties personnelles.
- Impact sur la pérennité
Les entreprises bénéficiant de ces dispositifs montrent des taux de survie supérieurs : plus de 90% à 3 ans lorsqu'elles cumulent accompagnement et garanties d'organismes spécialisés.
Le choix des garanties doit être adapté selon plusieurs critères spécifiques à chaque projet entrepreneurial :
Pour une création d'entreprise :
- Privilégier une garantie création qui couvre les risques liés au démarrage
- Opter pour une protection juridique renforcée les premières années
- Prévoir une garantie perte d'exploitation plus importante
- Souscrire une assurance multirisque professionnelle adaptée à l'activité
Pour une reprise d'entreprise :
- Vérifier les garanties existantes et leur adéquation
- Évaluer les risques spécifiques liés à l'historique
- Adapter les garanties au nouveau projet de développement
- Prévoir une garantie homme-clé pour sécuriser la transition
Selon le secteur d'activité :
- Commerce : protection des locaux et des marchandises
- Services : responsabilité civile professionnelle renforcée
- Industrie : garanties spécifiques pour l'outil de production
- Artisanat : protection adaptée au matériel et aux risques métier
Optimisation de la protection patrimoniale :
- Combiner garantie des biens professionnels et personnels
- Souscrire une protection juridique étendue
- Prévoir une garantie des emprunts professionnels
- Opter pour une garantie responsabilité des dirigeants
L'intérêt de combiner plusieurs garanties permet une protection globale et sur-mesure. Il est recommandé de :
- Faire un audit complet des risques
- Négocier un package de garanties adapté
- Réévaluer régulièrement la couverture
- Optimiser le rapport coût/protection